À la manière des plus grands films noirs, Les Meutes démarre dans l’univers des combats de chiens à Casablanca, où la brutalité de la pègre nocturne et la sécheresse de visages patibulaires se détachant dans l’obscurité frappent immédiatement l’attention. À la suite de la mort de son chien, un gangster local charge un quinqua et son fils de kidnapper un homme, mais la mission tourne mal. C’est, pour ces deux petits délinquants sans le sou, le début d’un engrenage qui les forcera à parcourir durant une longue nuit les bas-fonds de Casablanca pour tenter de survivre…
Si la trame peut évoquer le cinéma des frères Coen (Sang pour sang, Fargo), cette virée trouve sa propre identité grâce à un sidérant sens du tragique mâtiné d’absurdité mystique. Porté par des acteurs marocains non professionnels, le film s’ancre dans un réalisme social qui lui permet de déployer ensuite un récit à la lisière de l’hallucination, dans lequel la superstition engendre chez les protagonistes une crainte d’être maudits pour leurs actes. Insistant sur la manière dont le père prend constamment de mauvaises décisions auxquelles son fils accepte de se plier par respect, cette fable sur la difficulté à s’affranchir des poids sociétaux fascine jusqu’au bout par sa vision tranchante et ironique des déterminismes criminels et existentiels.
Les Meutes de Kamal Lazraq, Ad Vitam (1 h 34), sortie le 19 juillet
Image (c) Barney Production – Mont Fleuri Production – Beluga Tree