Nadia Tereszkiewicz : « J’aurais aimé dîner avec François Truffaut, pour sa sensibilité, pour tout ce qu’il était »

[Règle de trois] Ce printemps, l’actrice franco-finlandaise incarne avec panache une femme à barbe dans le biopic « Rosalie » de Stéphanie Di Giusto. Entre deux fondues aux Arcs Film Festival, en décembre dernier, on a recueilli les réponses du meilleur espoir féminin 2023 (pour « Les Amandiers » de Valeria Bruni Tedeschi) à notre questionnaire cinéphile.


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3 personnages de films pour vous décrire ?

Je n’en ai qu’un : Frances Ha, dans le film du même nom de Greta Gerwig parce qu’elle fait de la danse, qu’elle est maladroite, qu’elle court partout. On a des points communs.

3 films sur des femmes au parcours atypique qui vous ont marquée ?

Camille Claudel avec Isabelle Adjani [de Bruno Nuytten, 1988, ndlr], pour le parcours extraordinaire de cette artiste et la performance inoubliable de cette actrice. Rosetta avec Émilie Dequenne [de Luc et Jean-Pierre Dardenne, 1999, ndlr]. C’est un film qui m’a marquée, notamment pour la rage de vivre de son héroïne. De rouille et d’os avec Marion Cotillard [de Jacques Audiard, 2012, ndlr], pour le courage du personnage, sa capacité à se forger une vie nouvelle et à s’accepter après avoir perdu ses deux jambes. Ça m’a bouleversée.

Vos 3 barbu(e)s préféré(e)s au cinéma ?

Dumbledore dans Harry Potter, parce qu’il me rappelle mon enfance. Pour l’enfance aussi, je pense à un film finlandais qui s’appelle Joulupukki ja noitarumpu [Le Père Noël et le Tambour magique, téléfilm de Mauri Kunnas de 1996, ndlr], sur le père Noël, mais il y en a plein. J’ai grandi avec cette figure, qui fait partie de la culture finlandaise. Will Hunting avec Robin Williams [de Gus Van Sant, 1998, ndlr]. Je l’ai découvert très tard et, au-delà du film, j’adore cet acteur.

3 jeunes cinéastes que vous aimeriez faire découvrir ?

Récemment, j’ai découvert une cinéaste suédoise qui vit aux États-Unis, Agnes Skonare Karlsson. Elle a réalisé un court métrage, Berry Pickers, sur des gens qui cueillent des fruits des bois en Suède. C’est extraordinaire. Sofia Alaoui. Elle avait fait un court métrage que j’adore et ensuite un film qui s’appelle Animalia [2023, ndlr]. Je trouve qu’elle a un talent fou. Je pense aussi à deux réalisateurs italiens, Alessio Rigo de Righi et Matteo Zoppis, qui ont fait La Légende du roi crabe [2022, ndlr], que je trouve incroyable. C’est tourné à la pellicule et ça parle de la manière dont on transmet les mythes, les légendes. Ça se passe dans les montagnes italiennes.

3 cinéastes, mort(e)s ou vivant(e)s, avec qui vous aimeriez dîner ?

François Truffaut, pour sa sensibilité, pour tout ce qu’il était en fait. Charlotte Wells, parce qu’Aftersun m’a bouleversée et que c’est une cinéaste qui m’intéresse. J’aimerais la rencontrer. Et Andrea Arnold, parce qu’elle est punk et qu’elle montre des femmes modernes. J’aime beaucoup.

3 acteurs ou actrices que vous avez pris comme modèle de jeu ?

Je pense tout de suite à Marion Cotillard, pour sa carrière que je trouve incroyable, mais aussi simplement pour sa manière d’aborder les rôles dans un abandon total. Elle est habitée par ses personnages. C’est quelqu’un que j’admire énormément. Gena Rowlands, qui était mon premier coup de foudre pour le jeu. Elle a réveillé chez moi un désir de jeu vraiment profond, je trouve qu’elle a une folie, même dans les tout petits gestes. Mads Mikkelsen, parce que c’est mon acteur préféré, il a joué dans les films de Thomas Vinterberg, que j’admire. Et il danse !

Mads Mikkelsen dans Drunk de Thomas Vinterberg, 2020 (c) Nordisk Film

L’acteur ou l’actrice dont vous étiez amoureuse à 13 ans ?

J’étais amoureuse de Matthew Perry dans Friends, toute mon adolescence. Sa mort [le 28 octobre 2023, ndlr] m’a beaucoup atteinte. C’était un peu comme si c’était notre ami, les gens lui étaient très attachés.

Le film que vous regardez en boucle à 3 heures du matin quand vous faites une insomnie ?

Je vais rester à la montagne et je vais dire Les Bronzés font du ski, parce que c’est vraiment indémodable et les répliques… c’est pas possible ! Ça me fait tellement rire que je le regarde en boucle.

Rosalie de Stéphanie Di Giusto, Gaumont (1 h 55), sortie le 10 avril.