« La Jeune fille et les paysans » de DK Welchman et Hugh Welchman : un troublant film d’animation aux lisières du réel

[Critique] Adapté d’un prix Nobel de littérature polonais, ce film utilise le procédé de peinture animée pour raconter la vie, au xix siècle, d’un petit village rural perturbé par la présence d’une femme en lutte contre les carcans patriarcaux. Le résultat est visuellement époustouflant.


C’est au tiers du film que La Jeune Fille et les Paysans se révèle intégralement. Jagna, la jeune fille du titre, vient d’épouser, contre son gré, un riche veuf que sa mère a choisi pour elle dans son village rural polonais du xixe siècle. La voici qui danse, pour sa nuit de noces, au milieu des fameux paysans, suivie de près par une caméra tourbillonnante. Ce (long) plan contient toute la richesse du long métrage imaginé par Dorota Kobiela et Hugh Welchman (à qui l’on doit La Passion Van Gogh, sorti en 2017), tant visuellement que dans son propos. Les deux artistes ont en effet repris le même procédé du cinéma d’animation, la peinture animée, que pour leur premier long métrage.

Tourné en prises de vue réelles, La Jeune Fille et les Paysans a ensuite été découpé plan par plan, et des animateurs peintres ont reproduit chaque image sur des toiles. Ces peintures s’animent, projetant le spectateur dans un monde mouvant et coloré, d’une beauté enveloppante. Mais les coréalisateurs ont aussi adapté un roman polonais de Władysław Reymont, méconnu en France, couronné du Nobel de littérature en 1924, dont ils sont parvenus à extraire toute la modernité. Jagna devient ici le symbole de la liberté brimée des femmes, des injonctions patriarcales qui meurtrissent les êtres et avilissent des sociétés entières.

La Jeune Fille et les Paysans de DK Welchman et Hugh Welchman, The Jokers (1 h 54), sortie le 20 mars.