Après avoir parcouru les planches des théâtres du monde entier, le duo belgo-canadien Fiona Gordon et Dominique Abel se tournent en 1994 vers la réalisation de courts métrages. Pour L’Iceberg, leur premier long, ils s’associent à Bruno Romy et se font scénaristes, réalisateurs, coproducteurs et acteurs. Une polyvalence qui leur permet une liberté artistique totale.
Comme sur une scène de théâtre, le cadre de L’Iceberg est presque entièrement fixe. Les mouvements de Fiona, gérante de fast-food qui plaque tout du jour au lendemain pour rejoindre l’Arctique, et de son mari Paul, bureaucrate mollasson qui va tout tenter pour la récupérer, deviennent alors les seuls métronomes de ce récit d’évasion poétique. Ces mouvements minutieusement pensés et merveilleusement exécutés donnent naissance à des situations invraisemblables qui rappellent les films de Buster Keaton ou Jacques Tati. Pour accentuer ces effets comiques, les cinéastes n’hésitent pas à laisser tourner la caméra quelques secondes de plus, s’éloignant du réel pour créer ces effets de répétition terriblement efficaces à l’image.
« L’Étoile filante » : un thriller euphorique signé Dominique Abel et Fiona Gordon
Paul incarne le citadin modèle. Un individu quasiment muet, plongé dans une routine abrutissante. Dans une séquence de réveil chaotique, il enfile un slip gigantesque en guise de t-shirt, et son marcel se mue en pantalon. Il faut attendre l’arrivée de Fiona dans un petit village normand pour que la parole renaisse. Un espace où l’on peut enfin apercevoir la mer, seule capable de faire vaciller le cadre. La caméra se laisse alors emporter par de magnifiques travelings tremblants sur la nage de Fiona, dont l’esprit semble enfin libéré.
Au programme également : Pour rendre hommage à l’une des figures majeures du cinéma d’auteur asiatique, on vous offre Cheerful Wind (1982), le deuxième long métrage d’Hou Hsiao-hsien, contraint d’arrêter le cinéma. Plongez également dans notre collection La belle bleue voit rouge, composée de films sur la puissance dévastatrice, mais aussi la beauté, de Dame nature. De Sans toit ni loi (1985) d’Agnès Varda, aux Naufragés de l’île de la Tortue (1976) de Jacques Rozier en passant par Antarctica (1983) de Koreyoshi Kurahara, rien ni personne ne sera épargné. Savourez aussi gratuitement Histoire d’un péché (1975) du cinéaste Walerian Borowczyk, sur la descente aux enfers de la jeune Ewa. Une porte d’entrée idéale dans l’oeuvre énigmatique du cinéaste polonais.