« Dream scenario » de Kristoffer Borgli : dans la tête de Nicolas Cage

[CRITQUE] Après la déflagration de son premier long de pure fiction “Sick of Myself” (2023), Kristoffer Borgli revient avec un scénario de rêve – littéralement –, qui pousse de nouveau à fond les curseurs de l’obsession de la célébrité instantanée. Un film qui risque de devenir culte.


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Dans cette fable qui bouscule la bienséance, Nicolas Cage incarne un professeur boy next door, dont la routine est bouleversée par son apparition soudaine et exponentielle dans les rêves d’inconnus. Paul Matthews devient alors un phénomène de société…

De façon jubilatoire, Kristoffer Borgli raille ce qui fait le (frileux) air du temps : épidémie de traumas, besoin permanent de sécurité, cancel culture… Matthews se fait le réceptacle de toutes les névroses, clin d’œil aux récents mèmes devenus source d’inspiration pour Nicolas Cage, à la suite d’un montage d’extraits des différents films dans lesquels ses personnages craquent totalement. Cette vidéo, intitulée « Nicolas Cage pète les plombs », s’est propagée comme un virus incontrôlable.

Comédie terrifiante, Dream Scenario est le contrechamp dark d’un autre chef-d’œuvre à la structure de poupées russes, Dans la peau de John Malkovich de Spike Jonze (1999), où l’on pénétrait dans le cerveau de l’acteur jusqu’à en perdre la tête. Ici, le personnage incarné par Cage est un antihéros qui hante, à son corps défendant, les fantasmes d’autrui.

Borgli dit avoir été inspiré par l’interprétation de Cage dans un autre film de Adaptation. En brouillant la frontière entre réalité et virtualité à travers ce miroir déformant de notre société démente, Borgli confirme son statut de satiriste hors pair.

Dream Scenario de Kristoffer Borgli, Metropolitan FilmExport (1 h 41), sortie le 27 décembre.