« La fille de son père » d’Erwan Le Duc : une course pour l’amour

[CRITIQUE] Quatre ans après “Perdrix”, Erwan Le Duc poursuit son élan sentimental avec son deuxième long métrage, “La Fille de son père”, et saisit par le mouvement l’amour entre un parent et son enfant sur le point de se séparer.


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Et si toute histoire d’amour commençait par une course-poursuite ? C’est en tout cas le postulat d’Erwan Le Duc pour ouvrir son nouveau film, présenté en clôture à la Semaine de la critique, à Cannes, en mai dernier. Étienne, interprété par Nahuel Pérez Biscayart, s’occupe seul de sa fille Rosa (Céleste Brunnquell), depuis que Valérie, compagne d’Étienne et mère de Rosa, les a abandonnés. Pas de quoi en faire un drame puisque « l’absence n’est pas un sentiment », estime Étienne.

Alors que le départ de Rosa pour ses études se précise, une vision chamboule le programme. Chutes, bagarres et poursuites rythment ce film dont la mise en scène se déploie dans ces pas de côté, manière pour Étienne et Rosa de s’extraire un instant de la réalité. En conviant ses personnages dans le burlesque, le cinéaste confirme son goût pour l’excentricité et ne craint pas d’embrasser pleinement un romantisme juvénile, arguant qu’il est possible de croire en ses obsessions et de courir après pour se convaincre de sa propre existence.

L’un des personnages cite la proposition de Vincent Van Gogh à « vivre plus musicalement », et le film, par sa fantaisie formelle, semble accepter l’invitation. Pour surmonter la blessure liée à l’abandon, La Fille de son père stoppe ce duo dans sa course et lui révèle une autre façon d’aimer en l’absence de l’autre.

La Fille de son père d’Erwan Le Duc, Pyramide (1h31), sortie le 20 décembre