« Vincent doit mourir », le premier long brumeux et zombiesque de Stéphan Castang

[CRITIQUE] Sensation de la dernière Semaine de la critique à Cannes, ce récit aussi drôle que parano, qui suit un Karim Leklou pourchassé sans raison par des individus voulant le tuer, questionne en creux la violence paralysante et parfois nébuleuse de notre époque.


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De la violence purement gratuite. En général, c’est ce qu’on déplore dans les films d’action, qui se dégonflent vite quand il s’agit d’être consistants derrière le spectacle facile. Visiblement inspiré par notre ère complotiste, mais aussi par la période récente de forte contestation sociale en France, Stéphan Castang, dont c’est le premier long, amplifie volontairement ce ressort pour en faire un récit brumeux, elliptique, mais paradoxalement très parlant.

Il suit Vincent (Karim Leklou), toujours aussi bon dans les rôles de types lambdas emberlificotés dans des aventures qui dépassent l’entendement), un architecte qui, du jour au lendemain, se fait attaquer sans raison aucune par tous ceux qui le croisent, ce qui le pousse à s’isoler progressivement en campagne.  Un exil ponctué de rencontres inattendues (un sans-abri qui rôde dans une station-service, dont il découvre qu’il subit les mêmes maux inexplicables et qui va l’inviter à intégrer une sombre communauté du net ; une serveuse de fast-food, incarnée par la géniale Vimala Pons, contre-point lumineux et plein de panache à la dépression du héros). Avec un humour bien senti – qui jaillit lui aussi sans prévenir –, un sens du crescendo et une absence d’esbroufe, Castang saisit quelque chose de la fébrilité de l’époque, dans laquelle le vrai et le faux sont de moins en moins discernables, et les feux de la colère difficilement contrôlables.

Vincent doit mourir de Stéphan Castang, Capricci Films (1 h 48), sortie le 15 novembre

Karim Leklou : « Je suis très touché par le destin des classes populaires »

Images (c) Capricci Films 2023