Nous sommes en 2023, toute l’animation française est occupée par les œuvres jeunesse. Toutes ? Non ! Un petit nombre de studios propose encore et toujours des films et des séries animés à destination des adultes, et des adultes seulement. Rien que ces dernières années : les séries Vermin ou Peepoodo and the Super Fuck Friends et les films La Sirène, Flee, Saules aveugles, femme endormie ou, ce mois-ci, Mars express, pour n’en citer que quelques-uns, incarnent la richesse et la diversité de ce pan de l’animation française, souvent récompensé mais délaissé par le public.
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Mars Express (c) Gebekah Films
Bien sûr, il y a les exceptions comme . Avec ses Césars, son Cristal et sa nomination aux Oscar, ce vainqueur de la Semaine de la critique 2019 a attiré 220 000 spectateurs en salles. C’est bien, mais cela reste en dessous des scores des films jeunesse ou tous publics. « On ne nous demande plus s’il y a un public pour ça, c’est déjà un progrès », remarque avec optimisme Emmanuel-Alain Raynal, fondateur de Miyu Productions. « À titre de comparaison, nous en sommes au même stade que la bande dessinée il y a trente ans. »
Si la BD a opéré sa transition en passant par un petit rebranding (on dit « roman graphique » quand on veut faire « grand »), l’animation est en plein dedans. Et ce n’est pas simple, selon David Alric, cofondateur de Bobbypills, société de production spécialisée dans l’animation pour adultes, qui a identifié deux problèmes majeurs : « Il y a eu un manque de moyens de la part de diffuseurs [nécessaires pour le financement d’une œuvre audiovisuelle, ndlr] et un manque de savoir-faire de la part des producteurs et des auteurs. Heureusement, les choses changent. Nous, producteurs, productrices et artistes, sommes en train de développer un vrai savoir-faire. »
Mars Express (c) Gebekah Films
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Et comme l’appétit vient en mangeant, produire en plus grand nombre pourrait donc être la solution à la méconnaissance des publics vis-à-vis de ce type d’animation. Jusqu’à présent, « ces tentatives étaient trop isolées et sporadiques pour être en mesure de prouver qu’elles pouvaient générer un public significatif », précise David Alric. Avis aux diffuseurs et aux spectateurs : il faut goûter avant de dire qu’on n’aime pas.