Alors qu’Ethéro cueille des mûres au bord d’un ravin dans sa petite ville de province de Géorgie, l’arrivée cabalistique d’un merle noir lui coûte presque la vie. Blackbird, Blackberry sonne comme une incantation, celle qui permettra à cette célibataire endurcie de connaître une mort spirituelle puis une renaissance, en mettant fin à 48 ans de virginité.
Dans un style minimaliste, autant dans son scénario que dans sa mise en scène, et avec une superbe photographie et des scènes d’intérieur à la Edward Hopper, Blackbird, Blackberry entre en résonance avec le cinéma géorgien de ces dernières années (on pense par exemple à Aleksandre Koberidze). Le film est aussi un tour de force de female gaze, tant dans la représentation d’une sensualité féminine quinquagénaire avec une caméra qui déshabille le corps d’un homme, puis se fige sur sa nuque rugueuse, que dans l’exhibition d’un corps féminin d’un certain âge, non pas lourd et fatigué, mais massif et plein de force vitale.
Une solidité d’âme et de corps qui pousse Ethéro, même amoureuse, à préserver avant tout son indépendance, dans une société géorgienne encore profondément patriarcale, comme en témoignent les constantes médisances de ses voisines. Le film nous fait rêver d’une cinquantaine faite d’amour et de solitude, entre les mûres et les montagnes.
Blackbird, Blackberry d’Elene Naveriani, Capricci Films (1 h 50), sortie le 13 décembre