Quand on la retrouve en mai, sur une plage cannoise, elle arbore de larges lunettes de soleil et l’air sûr d’elle d’une star. À 23 ans, Ayomi Domenica Dias porte en partie sur ses épaules le premier film de Lillah Halla, au sujet d’une équipe de volleyball queer dont fait partie Sofia, son personnage. Alors qu’elle entame une relation avec une coéquipière, elle se découvre enceinte d’un précédent coup d’un soir.
C’est le drame : Sofia a 17 ans, elle prépare un match qui pourrait lui ouvrir une carrière pro, sauf qu’au Brésil l’avortement est illégal. Dans cette épreuve, elle est épaulée par sa team. Une solidarité et un amour qui rappellent l’environnement dans lequel Ayomi a baigné : née à Sao Paulo en 2000, elle a grandi au Brésil, dans la première ère du gouvernement progressiste de Lula (2003-2011), et a été élevée par un père musicien et cinéphile et une mère qui a obtenu son diplôme d’avocate après avoir eu Ayomi et son frère. « On avait des conversations très libres. Mes parents m’ont toujours soutenue. »
Lancée sur les planches à 9 ans, elle fait sa première apparition au cinéma à 14 ans. Le rôle central, physique et politique qu’elle tient dans Levante a beaucoup de sens : « Ça me permet de montrer ce que j’ai appris à l’école d’art dramatique et de défendre mes opinions. »
Après quatre dures années sous le gouvernement d’extrême droite de Jair Bolsonaro, le retour de Lula, début 2023, est un soulagement, mais ne lui fait pas baisser les armes : « Il y a aussi le Congrès, à majorité conservatrice. La lutte va être difficile, mais c’est plus possible que jamais. Je compte bien contribuer à faire avancer les choses à travers l’art. »
Levante de Lillah Halla, Rezo Films (1 h 32), sortie le 6 décembre
Photographie : Julien Liénard pour TROISCOULEURS