Lundi dernier avait lieu les Gotham Awards, la cérémonie qui récompense le cinéma indépendant. Mais la soirée qui a mis à l’honneur Past Lives, Les Filles d ou encore notre Palme d’or Anatomie d’une chute, a été marquée par un incident peu commun.
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En montant sur scène pour récupérer le prix Historical Icon & Creator Tribute au nom de toute l’équipe du film de Scorsese Killers of the Flower Moon, Robert de Niro s’est rendu compte qu’une partie de son discours ne s’affichait pas au prompteur. Cette amputation de son texte aurait été exigée, quelques minutes avant son entrée en scène, par un employé d’Apple, comme le rapporte Variety. Ni une, ni deux, l’acteur a sorti son téléphone portable pour lire la totalité de sa déclaration.
“L’histoire n’est plus de l’histoire. La vérité n’est plus la vérité, et même les faits sont remplacés par des faits alternatifs motivés par les théories du complot et la laideur.” Il poursuit : « L’industrie du divertissement n’est pas à l’abri de cette maladie qui s’envenime. John Wayne a déclaré à propos des Amérindiens : Je n’ai pas l’impression que nous ayons mal agi en leur prenant ce grand pays. Il y avait un grand nombre de personnes qui avaient besoin de nouvelles terres et les Indiens essayaient égoïstement de les garder pour eux.” Cette attaque envers le mythe national américain rappelle bien évidemment le propos du film Killers of The Flower Moon, dans lequel Martin Scorsese raconte les crimes commis par certains hommes blancs pour récupérer l’héritage des amérindiens.
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Mais mettre en garde contre les fakes news ou contre la manipulation de l’histoire n’est certainement pas ce qu’Apple reproche à Robert de Niro. En revanche, la suite de son discours – ouvertement anti-trump – est peut être à l’origine de cette censure : “L’ancien président nous a menti plus de 30.000 fois au cours de ses quatre années au pouvoir, et il continue au même rythme avec sa campagne actuelle de représailles. Avec tous ses mensonges, il ne peut pas cacher son âme. Il attaque les faibles, détruit les dons de la nature et montre son manque de respect, par exemple en utilisant Pocahontas comme insulte.” Une dernière phrase qui fait référence aux propos tenus par Trump à l’encontre de la sénatrice Elizabeth Warren, d’origine amérindienne, en novembre 2017.
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L’acteur conclut son discours avec beaucoup d’amertume en refusant de remercier Apple qui – ironie du sort – est coproducteur de Killers of the Flower Moon.