De La Favorite de Yórgos Lánthimos à la série The Great, la fiction prend plaisir depuis quelques années à retourner les cours royales pour en faire le décor de drames comiques et trashs. Mary & George s’inscrit dans la même veine : celle de la composition baroque décomplexée sur laquelle vient se greffer une variation autour des rapports intimes, devenus le miroir des rapports de pouvoir.
Dans Mary & George, la cour est celle du roi Jacques Ier, au XVIIe siècle en Angleterre. Et les deux personnages qui ont les honneurs du titre sont mère et fils. Mary Villiers, tout juste veuve, se retrouve sans autre ressource que ses trois enfants. Dont le cadet, George (Nicholas Galitzine), est si beau, qu’elle décide de miser sur lui pour redresser les finances de la famille. Il lui suffira de devenir le favori du roi pour s’élever socialement.
Bien sûr, la route vers les titres et la richesse sera semée d’intrigues et de coups bas. Mary & George est un drame vénéneux que les plis des fraises d’époque n’alourdissent jamais. D.C. Moore, le créateur de la série, parvient à trouver son ton, souvent drôle, toujours acéré.
À ce petit jeu, l’actrice Julianne Moore s’en donne à cœur joie en matriarche prête à tout pour s’extraire de sa condition de femme. La force de la série réside aussi dans l’inversion des codes. Tandis que le fils use de ses charmes et que le roi souffre d’un insondable besoin d’être aimé, la mère, elle, arrache un remariage à ses conditions, tire les ficelles et se trouve une amante au passage.
Si elle ne parvient pas tout à fait à garder son rythme trépidant dans ses derniers épisodes, cette série aussi voluptueuse que cynique continue de creuser le sillon des drames historiques capables de proposer un pas de côté réjouissant.
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