CANNES 2024 · Barry Keoghan : « C’est encore plus beau de voir quelqu’un essayer, faire cet effort, et se lancer. »

On adorait déjà l’acteur irlandais aux yeux translucides et au physique nerveux pour ses rôles dans « Mise à mort du cerf sacré », « Les Banshees d’Inisherin » ou « Saltburn ». Dans « Bird » d’Andrea Arnold, en Compétition à Cannes, il joue le père immature de deux ados, et irradie. On l’a croisé sur la Croisette pour une interview express.


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CANNES 2024 · « Bird » d’Andrea Arnold : envolée sauvage

Bug est un père aimant, mais aussi dysfonctionnel. Comment le décririez-vous ?

Il est égoïste. Il est très, très jeune dans sa façon d’être [le personnage est devenu père à 14 ans, ndlr]. Et il n’a pas grand-chose à tirer en termes de figure paternelle, tout comme moi d’ailleurs. Mais je pense aussi qu’il est inoffensif. Et par-dessus tout, il aime sa fille et son fils.

Vous jouez souvent des personnages violents, parfois même maléfiques, meurtriers – dans Saltburn notamment. Comment vous vous préservez quand vous explorez ces zones d’ombre ?

C’est le scénario qui fait le travail pour moi. Je n’écris pas, je ne fais que jouer le rôle. Mais ce que je peux faire, c’est y apporter de la vérité. C’est ce que j’ai toujours dit : il ne faut jamais juger un personnage qu’on joue. Juger un personnage, c’est déjà faire un certain choix. Et je suis entièrement impliqué dans ce que je fais. Je pense que c’est ce qui fait la différence : je veux apporter de l’honnêteté. Je ne sais pas pourquoi les gens pensent que je ne fais que jouer le mal. C’est comme si on renvoyait dos à dos mes personnages dans Les Banshees d’Inisherin et dans Saltburn, alors que ce sont des individus totalement différents. Et c’est vrai aussi pour Bird bien sûr.

Vous choisissez souvent des rôles qui redéfinissent la masculinité, des personnages très virils mais aussi fragiles, défaillants. Pourquoi ils vous intéressent particulièrement ?

Oui, parce que je n’adhère pas aux stéréotypes de ce qu’est censé être un comportement « masculin », c’est un tas de conneries, et ça vous empêche d’être vraiment vous-même. Et puis, j’ai été élevé par ma grand-mère et par ma tante. Elles ont une influence considérable sur mon comportement, sur les choix que je fais. Je n’ai pas eu de figure paternelle à laquelle me comparer ou à prendre comme modèle. Donc je pense que ces choix de rôles ne sont pas réfléchis, c’est juste quelque chose d’évident pour moi.

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Dans Saltburn, il y avait cette scène iconique dans laquelle vous dansiez nu. Encore une fois, vous dansez dans Bird, notamment dans la sublime scène finale. Comment abordez-vous ces scènes ? Votre pratique de la boxe aide ?

C’est une sacrée danse, hein ? Oui, la boxe m’aide à bouger le corps, à trouver de la fluidité. Mais je trouve qu’essayer de danser et de chanter est plus puissant que d’être capable de chanter ou de danser. Je veux dire, quelqu’un qui sait chanter et danser est magnifique à regarder évidemment, mais c’est encore plus beau de voir quelqu’un essayer, faire cet effort, et se lancer vraiment. C’est magnifique. C’est comme ça que j’ai abordé cette scène : je ne sais pas danser, mais je vais essayer.

La musique est magnifique dans le film d’Andrea Arnold et, souvent, votre personnage est presque défini par la musique qu’il écoute. Quelle musique écoutez-vous en ce moment ?

Moi personnellement ? C’est un mélange. Ça dépend de ce que je ressens, comme quand je veux regarder un certain film parce que je me sens d’une certaine façon. Mais j’aime The Verve et Oasis et, euh… Oh, Central Cee ! Et Stormzy, et Dave [le rappeur anglais, pas le chanteur de Vanina, ndlr]. J’ai des goûts très variés. Et j’apprends. J’apprends beaucoup sur la musique en ce moment, justement.

Photographie : Julien Lienard pour TROISCOULEURS

Le Festival de Cannes se tiendra cette année du 14 au 25 mai 2023. Tous nos articles sur l’événement sont à suivre ici.