En 2009, dans Contes de l’âge d’or et sa suite, Cristian Mungiu et quelques autres réglaient son compte au régime de Nicolae Ceaușescu (1967-1989) à travers une série de courtes fictions savoureusement caustiques. À sa manière, le Roumain Cristi Puiu (La Mort de Dante Lăzărescu, 2006) s’attaque ici aux années Covid avec un objectif similaire.
« Malmkrog » de Cristi Puiu : un brillant chant du cygne
En quatre segments, MMXX joue avec le décorum des années 2020 (masques, tests PCR, distanciation physique) pour mieux brosser le portrait d’une société dépossédée d’elle -même. Psy perturbée par son propre test de personnalité, préparatifs d’anniversaire qui tournent en eau de boudin, anecdote sans fin narrée dans la salle de repos d’un hôpital, et bien d’autres… Sur ce ton pince-sans-rire qu’il maîtrise si bien, Cristi Puiu souligne la vacuité de nos quêtes et l’échec absolu d’un monde d’après qui n’a jamais eu sa chance.
Contrairement aux trois premières parties, connectées entre elles par des liens familiaux ou sentimentaux, la quatrième (qui s’intéresse à une enquête policière sordide) semble indépendante. Mais le cinéaste roumain distille le doute : y a-t-il ou non un lien avec les segments précédents ? Roublard et brillamment mis en scène, MMXX tient en haleine jusqu’à son ultime image.
MMXX de Cristi Puiu, Shellac (2 h 40), sortie le 1er novembre.