À voir sur mk2 Curiosity : du muguet pour les ouvriers de la Peuge

En ce 2 mai, Il reste un peu de muguet pour les ouvriers de l’usine Peugeot de Sochaux. Formés par
Chris Marker et Jean-Luc Godard dans la foulée de Mai 68, ils se filment dans des sketches tordants
qui déboulonnent la Peuge pièce par pièce. Découvrez gratuitement pendant 7 jours, « Week-end à
Sochaux », produit et réalisé par le groupe Medvedkine.


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Pour découvrir le film, c’est par ici.

En 1967, le cinéaste militant Chris Marker reçoit une lettre de l’ouvrier syndicaliste Pol Cèbe, lui demandant d’envoyer des films engagés à l’usine de fils synthétiques de Rhodiaceta dans le Doubs, pour les diffuser pendant la grève. Marker accepte. Il se rend également sur place pour filmer le bilan du mouvement social et tourne À bientôt, j’espère (1968). Considéré comme trop « romantique » par les ouvriers eux-mêmes, ce film force Marker à se rendre à l’évidence : seuls les ouvriers peuvent filmer avec authenticité leurs conditions de travail et leurs revendications.

10 images marquantes de Chris Marker

Cette réflexion donne naissance à Besançon au premier groupe Medvedkine (en hommage au cinéaste russe Alexandre Medvedkine et son ciné-train), formé et équipé par Marker et Jean-Luc Godard. Quelque temps après, le groupe Medvedkine de Sochaux voit le jour. Plus jeune, le collectif sochalien réalise plusieurs films dans la foulée de Mai 68, dont Week-end à Sochaux, cri de révolte des ouvriers contre l’entreprise Peugeot.

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Travail, logements, loisirs, Peugeot contrôle tous les aspects de la vie de ses ouvriers. Une exploitation sans limites que le collectif entend bien dénoncer grâce à ce film. Ils comptent sur la pérennité des images pour diffuser leurs revendications plus largement, pour que leur projet soit davantage qu’un simple tract qu’on oublie une fois jeté.

Caméra au poing, les ouvriers s’écartent presque entièrement du documentaire pour filmer leurs conditions. Ils n’en conservent que les entretiens, lors desquels ils énoncent leurs revendications et se confient sur leurs expériences personnelles. Pour le reste, c’est par la satire et la dérision que les ouvriers-cinéastes s’attèlent à déboulonner, pièce par pièce, les incohérences et les abus de Peugeot. Ils optent pour des sketches loufoques dans lesquels ils se mettent joyeusement en scène, comme dans cette reconstitution moyenâgeuse de l’embrigadement mis en place par Peugeot dans les petits villages de la région.

Au programme également :

Cette semaine, on vous offre aussi le magnifique L’Amour à mort (1984) d’Alain Resnais. Pierre Arditi, Fanny Ardant, Sabine Azéma et André Dussollier, le quatuor d’acteurs fétiches du réalisateur d’Hiroshima mon amour et L’Année dernière à Marienbad, sont tout simplement bluffants dans cette histoire d’un homme amoureux revenu de la mort.

Et, puisque le printemps illumine enfin le ciel, que la sève vous monte à la tête et que tout semble possible, on vous met en garde. Faites attention si vous flirtez avec une femme déjà maquée. Un coup à vous retrouver dans le lac, comme dans ce délicieux Charlot, Fièvre printanière (1914), à voir gratuitement aussi.

Ne ratez pas non plus le film mystère de la semaine, réalisé par un cinéaste aussi punk que ses acteurs.

Image : © Les Films 2001 / Bruno Muel Production / Iskra