« Toutes les couleurs du monde » : interdits poétiques

Dans ce premier long métrage poignant, le réalisateur nigérian Babatunde Apalowo dévoile une histoire d’amour interdite et pleine de pudeur entre deux hommes, dans un Lagos poétique.


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Calme et posé, Bambino déambule dans les rues de Lagos sur son scooter de livreur, aide ses voisins quand il le peut et discute souvent avec son amie Ifeyinwa, qui lui rend visite. Alors qu’elle insiste pour que sa première fois se passe avec lui, Bambino fait la connaissance de Bawa. Photographe, ce dernier capture dans son appareil la vie bouillonnante de Lagos, ville nigériane aux plus de seize millions d’habitants, et emmène Bambino dans ses balades. Alors que le poids du regard des autres et de la société leur interdit tout rapprochement, les deux jeunes hommes commencent à éprouver une attirance réciproque… En composant des plans cadrés et colorés à la Wes Anderson (The French Dispatch, The Grand Budapest Hotel), Babatunde Apalowo déploie avec douceur et sincérité un regard queer dans un pays où l’homosexualité est passible de prison. On pense aussi à Xavier Dolan (Juste la fin du monde, Mommy) avec ses longs plans sur les visages et une bande-son délicate qui mêle différents genres. Filmé avec une économie de moyen salutaire, Toutes les couleurs du monde ouvre une brèche inédite et précieuse dans une industrie du cinéma nigérian florissante, surnommée Nollywood, où les films LGBT+ n’existent pas.

Toutes les couleurs du monde de Babatunde Apalowo, Optimale (1 h 32), sortie le 8 mai

Image : © Optimale Distribution