« Heroico » de David Zonana : manu militari

Sous les apparences d’un récit initiatique racontant la douloureuse formation d’un jeune homme dans une école militaire, David Zonana signe une œuvre politique captivante, qui décortique avec brio la violence institutionnalisée de la société mexicaine.


zjiykumtzajocj5c heroico c panamedistribution

Garçon mexicain de 18 ans aux origines indigènes, Luis (Santiago Sandoval Carbajal) entre à la Heroica escuela naval militar – la prestigieuse école de la marine mexicaine – afin de s’assurer une sécurité professionnelle et matérielle. Mais il va se heurter à une institution aux pratiques brutales et d’autant plus perverses qu’un supérieur fait d’abord mine de prendre le jeune homme sous son aile. Sous les dehors d’un récit d’endurcissement militaire à la Full Metal Jacket, le film de David Zonana (Mano de obra, frappant) dépeint la manière dont des archétypes raciaux et sociaux profondément enracinés continuent à alimenter au Mexique une violence constante.

Pour son scénario, le cinéaste s’est appuyé sur des témoignages d’anciens cadets de l’armée et en tire une mise en scène admirable, pleine de symétries visuelles et de plans larges sur l’imposante pyramide aztèque présente sur le campus militaire. En renvoyant dos à dos la sauvagerie de l’armée mexicaine et la violence criminelle des délinquants, ce puissant pamphlet politique met en lumière un passionnant héros tragique, censé sacrifier sa vie pour une nation qui l’ostracise et le maltraite.

Heroico de David Zonana, Paname (1 h 28), sortie le 22 mai

Image : © Paname Distribution