I.ARTISTE · beckyandthebots : « Les I.A. me libèrent des contraintes du réel. »

Il émane du travail de beckyandthebots, alias Becky Constantinides, une joie et un optimisme qui tranche avec la plupart des créateurs exploitant l’I.A. Son univers coloré et ensoleillé en met plein les yeux et réchauffe le cœur.


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Pour découvrir le travail de l’artiste, c’est par ici.

« J’ai eu une carrière artistique qui a suivi bien des détours, du design graphique à l’orfèvrerie en passant par la photographie. J’ai un diplôme en art de l’espace, avec une spécialisation sur la conception de bijoux. J’ai d’ailleurs été à la tête d’une ligne de bijoux pendant dix ans avant de m’orienter vers la photographie.

 Je suis arrivée aux I.A. par l’intermédiaire de mon travail de photographe, en 2022. J’ai découvert ces outils en couvrant pour différents médias les débuts de Dall-e et la sortie de Midjourney, que j’ai rejoint peu après son ouverture au public. J’ai été aussitôt fascinée de voir mon imagination prendre forme devant mes yeux, quasiment en temps réel. Quand bien même les premiers résultats que j’obtenais manquaient de réalisme, j’ai été totalement absorbée par ce processus.

Tout ce que j’ai appris dans l’art de l’espace, le design et la photographie m’ont considérablement aidé dans ma manipulation des I.A. : avoir sculpté des bijoux, avec du métal ou de la cire, avoir réfléchi à la composition, l’éclairage, les couleurs d’une œuvre… je retrouve beaucoup de choses communes entre tous ces savoir-faire et le travail avec les générateurs.

zkms2kflkbtrw14l beckyA lire aussi : I.A. QUOI ? · Les vertus des contraintes

Mais surtout les I.A. m’ont rendu plus créative, notamment parce que je ne suis plus limitée par les lois du monde physique. Je n’ai pas à me préoccuper de la taille, du coût ou du poids de mes créations. Je n’ai pas à redouter non plus le gaspillage. Je suis très sensible à mon impact environnemental quand je travaille de façon traditionnelle. Mais en même temps, j’adore tout ce qui est pailleté ou iridescent, en particulier depuis que j’ai travaillé pour des boîtes de nuit à San Francisco autour des années 2010. Seulement les matériaux pailletés ou iridescents sont le plus souvent constitués de plastique et je m’interdis de les exploiter. Or, ces règles ne s’appliquent plus dans la création virtuelle des générateurs. Là encore les I.A. me libèrent des contraintes du réel.

J’aime tout particulièrement tester des matériaux par le biais des I.A., y compris concevoir des choses qui n’existent pas. Et j’aime explorer les possibilités de ces matériaux dans des domaines très divers, qu’il s’agisse de sculptures, de robes ou d’aménagement intérieur. De la même façon, j’aime explorer les possibilités d’un même motif, comme les yeux par exemple. Je pense que le fait que je vive principalement en Grèce depuis des années n’est pas étranger à cette appétence : il y a, ici, beaucoup de protections contre le mauvais œil. Par ailleurs, en Grèce, la lumière est d’une qualité tout à fait particulière, ce qui se manifeste aussi dans mes œuvres. Et cette luminosité va de paire avec ma personnalité : je suis quelqu’un d’optimiste et de pétillant. Bref, comme beaucoup de créateurs, ma vie et mon travail sont indéniablement liés.

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J’aimerais beaucoup avoir la possibilité de ramener certaines de ces créations virtuelles dans la réalité, notamment mes sculptures que nous pourrions travailler en verre irisé. Mais la prise en compte de l’impact environnemental de mes travaux doit primer. C’est pour cette raison que, à l’inverse, je n’aimerais pas que les vêtements que j’ai imaginés par le biais des I.A. soient conçus réellement, à moins que ce soit à partir de matériaux recyclés par exemple. Par contre, je trouve très excitante l’idée de créer de la mode via la réalité augmentée ce qui, selon moi, n’est plus très loin de nous. Je trouve cette perspective enthousiasmante et j’ai hâte de voir ce que l’avenir nous réserve ! »

Image : © beckyandthebots