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En écrivant Après mai – dont le scénario a été primé à la Mostra de Venise en 2012 – Olivier Assayas a l’ambition de retracer le chemin qui l’a conduit au cinéma. Un chemin qui part de Paris et sa banlieue, où Gilles, lycéen, mène des actions militantes après l’échec de Mai 68. Et qui continue sur les routes en direction de la Drôme, Rome et Pompéi, où il rencontre des artistes, des hippies et des révolutionnaires.
L’archive d’Olivier Assayas : une liste cinéphile écrite à 15 ans
Au fond, Gilles préfère l’art à la politique. De retour en France, en parallèle d’un travail au bureau de son père, il vit sa passion dans un atelier d’artiste. Comme il le révèle dans Libération à la sortie du film, Olivier Assayas a lui-même été « maladroitement peintre » avant de se tourner vers le cinéma, un art moins solitaire.
Repéré comme la plupart des autres acteurs – à l’exception de la formidable Lola Créton – lors d’un casting sauvage à la sortie de son lycée, Clément Métayer dégage un air familier malgré son charme d’une autre époque. On a du mal à croire qu’il n’est pas réellement ce jeune artiste militant d’il y a 50 ans. Les musiques, toutes d’époque et magnifiques, participent aussi au dépaysement temporel et à l’atmosphère envoûtante.
Dans Le Journal du Dimanche à la sortie du film, Assayas dit regretter la façon dont le cinéma a montré la tentative de révolution de 68, avec une ironie qui ne rend pas justice à cette « jeunesse portée par un élan formidable ». Alors il en montre ce qu’il en a vu : une « effervescence créatrice », un « regard critique, rebel, frontal » de la jeunesse, les « gens qui partaient dans des trucs fous, l’élevage de chèvres en Lozère ou la fuite en Inde », raconte-t-il au Nouvel Obs.
On se laisse volontiers porter par ce voyage initiatique, ces hésitations entre plusieurs styles de vie, entre plusieurs idées, entre plusieurs amours qui transforment les souvenirs du réalisateur en un film universel. Les décors sont somptueux, et on envie les personnages de naviguer librement de l’un à l’autre.
La caméra les suit avec une fluidité enivrante. La course-poursuite des surveillants après le taggage du lycée nous prend aux tripes, le départ de l’amour de Gilles nous attriste, la violence des policiers nous choque, les yeux bleus d’une jeune anglaise rousse rencontrée en Italie nous hypnotisent, les soirées enflammées nous émerveillent. Le film terminé, on se retrouve, nous aussi, nostalgiques de cette époque.
Au programme également :
Invité de mk2 Curiosity, Assayas nous offre aussi une précieuse archive, exclusive et passionnante, témoin de sa jeunesse à l’époque d’Après mai. Il s’agit d’une liste de films qu’il a vus et notés en 1970, à l’âge de 15 ans.
Il nous parle également de ses films préférés, à voir sur mk2 Curiosity. Fan de Robert Bresson, il adore L’argent et Pickpocket. Mais il ne se limite pas au cinéma français, et admire aussi le « coup de génie » d’Akira Kurosawa qu’est Madadayo.
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Image : © DR