« Paradise is burning » de Mika : bande de filles

[CRITIQUE] Cette première fiction de la réalisatrice suédoise Mika Gustafson, qui se présente comme un film social sur une sororie livrée à elle-même, impressionne par l’énergie de son récit et sa capacité à l’onirisme.


Son paradis brûle. Enfin, paradis, il faut le dire vite : l’éden de Laura, 16 ans, dans un quartier suédois défavorisé, paraît bien limité. L’adolescente, dont la mère ne donne pas un signe de vie, s’occupe de ses jeunes sœurs, Steffi et Mira. De galère en galère – le film s’ouvre sur une chaotique quête de lessive –, sans argent. La jeune fille jouit au moins d’une liberté totale : pas un adulte à l’horizon. Elle vit sa vie comme elle l’entend, s’infiltrant dans des villas et appartements huppés.

Mais pourquoi brûle-t-il, ce paradis abîmé ? Une assistante sociale a appelé : lundi, elle veut voir la mère disparue. Peut-être que cette femme (Ida Engvoll, formidable dans la série Love & Anarchy) avec qui Laura noue une relation ambiguë pourra jouer ce rôle ? Paradise Is Burning fonce à toute berzingue vers le film social doloriste, mais son récit unique, l’énergie de sa mise en scène et un montage affûté l’emmènent ailleurs – grâce aussi à l’effervescence réjouissante de cette bande de filles dans un film quasi sans hommes. Cela reste, quand même, une œuvre sur un système qui ne fonctionne pas. Mais peut-être qu’on s’en fiche, du système.

Paradise Is Burning de Mika Gustafson, Épicentre Film (1 h 48), sortie le 28 août

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