Pour son portrait, on pourrait partir de ses héroïnes, dont elle s’inspire à l’envi pour ses performances. La meneuse de revues Cris Miró d’abord, illustre en ce qu’elle a ouvert la voie à la visibilité trans dans l’Argentine des nineties.
La meneuse de revues Cris Miró d’abord, illustre en ce qu’elle a ouvert la voie à la visibilité trans dans l’Argentine des nineties. Mina Serrano l’avait découverte en lisant Les Vilaines, le roman de Camila Sosa Villada, et aujourd’hui elle lui prête sa grâce dans la série Cris Miró (ella) (disponible en France sur Max), qui lui permet de voir sa photo s’afficher en grand sur les buildings de Buenos Aires. Deux divas de la chanson ensuite, l’Italienne Mina Mazzini avec laquelle elle partage le refus de se laisser figer dans une image : « J’adorerais pouvoir me métamorphoser et aller plus loin avec mon image. En dehors de mon corps. »
Et la chanteuse espagnole Rocío Jurado, qui la relie à l’Andalousie – elle vient de Grenade – tout en enflammant sa fibre révolutionnaire. Theda Bara aussi, la première vamp, la première gothique du cinéma américain : « Je me sens liée à cette idée de la femme fatale, vampirique. » Mais plus encore des personnages bibliques ou mythiques, les scandaleuses Salomé ou Judith, qu’elle s’approprie pour ses performances dorées, tout en expressions exaltées et tragiques, au cabaret Les Moches.
C’est là qu’elle a époustouflé le cinéaste Nans Laborde-Jourdàa, qui l’a suivie à Cannes alors qu’elle s’y produisait avec sa troupe. Parmi toutes les facettes de Mina Serrano, Laborde-Jourdàa a choisi d’en explorer une, celle de l’amoureuse, forcément évanescente.
Cris Miró (ella), disponible sur Max
Image : © Bruno Nogueira pour TROISCOULEURS