Marie Bouvet, profession cascadeuse dans « The Substance »

[JOB DATING] Elle prête son corps à Demi Moore dans « The Substance » de Coralie Fargeat. On a aussi pu la croiser, sans la reconnaître (c’est le job), dans « Athena » de Romain Gavras, « Une année difficile » du duo Éric Toledano-Olivier Nakache ou la série « Nona et ses filles ». Elle nous présente son métier dans lequel se jeter sur une table en verre fait partie d’un lundi comme les autres.


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Quel objet représente le mieux votre métier ?

Les « protec » : une genouillère, une coudière, une dorsale… N’importe qui est capable de se jeter au sol ou de prendre feu, mais, si on ne se protège pas, on ne va pas le faire longtemps.

Petite, vous étiez déjà casse-cou ?

Pas du tout. D’ailleurs, ma mère hallucine que ce soit mon métier. Je n’ai jamais eu peur de me lancer dans des défis, mais ce n’était jamais moi qui les provoquais.

C’est quoi, la formation ou le diplôme pour prendre des coups pour les autres ?

Il n’y a pas vraiment de diplôme, mais le Campus Univers Cascade, au Cateau-Cambrésis, dans le Nord, a une renommée internationale. C’est là-bas que je me suis formée quand j’ai vraiment décidé d’ajouter la ligne « cascadeuse » à mon CV. Mais la clé, c’est surtout de pratiquer des sports de combat ou de faire du parkour, et de s’entraîner, s’entraîner, s’entraîner. Sans se faire mal, si possible.

Les qualités pour être une bonne cascadeuse ?

L’adaptabilité, l’esprit d’équipe, une bonne capacité d’écoute, et une certaine abnégation.

Ce n’est pas frustrant de rester incognito ?

Pas du tout. Mon travail, c’est que l’action fonctionne. Quand un ou une cinéaste est ravi de la cascade, quand une comédienne me remercie d’avoir pris son relais dans une scène physiquement difficile et quand le résultat est beau à l’écran, je suis comblée.

Quand vous voyez le film The Fall Guy de David Leitch, sorti en mai dernier et dont le héros est cascadeur, vous dites hommage ou caricature ?

Hommage ! C’est un très beau coup de projecteur sur mon métier, car le film parle aussi bien des risques que du plaisir. Et vous avez vu la beauté de ces cascades ?!

On a le droit d’avoir peur quand on est cascadeuse ?

C’est même nécessaire, car la peur sauve. La peur peut paralyser, mais l’adrénaline et le stress agissent surtout comme des catalyseurs qui nous permettent de nous concentrer.

Quelle cascade de The Substance vous a le plus marquée ?

La chute à travers la table basse en verre, car c’était mon premier vérin. Le vérin, c’est quand une personne, voire plusieurs, ou une machine à air comprimé, vous tire très fort en arrière avec un câble. C’est très immédiat, comme si on était arraché du sol. C’est très cool. On l’a refait trois fois, dont une fois durant laquelle je me suis carrément jetée sur la table basse, sans l’aide du vérin. J’en garde un très bon souvenir.

Elle est sympa, Demi Moore ?

Elle est super. Quand je lui montrais une cascade à faire pour une scène, elle n’hésitait pas une seconde et se jetait au sol pour comprendre et la reproduire. Elle n’a peur de rien.

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FICHE MÉTIER

Le cascadeur se substitue à l’acteur pour le tournage de certaines scènes dangereuses ou particulièrement physiques accidents de la route, chutes, etc. Sur un tournage, il peut aussi être amené à conseiller les acteurs pour qu’ils exécutent eux-mêmes certaines cascades.