QUEER GAZE · Bilal Hassani, chanteur : « Kurt Hummel a été essentiel dans mon développement et dans mon acceptation de moi et de ma sexualité »

Le chanteur de 25 ans au look de diva est génial dans le rôle d’un fan hardcore botoxé dans « Les Reines du drame » d’Alexis Langlois, en compétition au festival Chéries-Chéris mi-novembre et en salles le 27 novembre. Bilal Hassani nous a parlé des premières images qui ont résonné avec son identité queer.


Queer Gaze est la rubrique de notre journaliste Timé Zoppé sur le cinéma LGBTQ+.

« Ça a commencé avec des figures de contes de fées. J’étais très fan de princesses, j’avais pas mal de poupées quand j’étais petit. Je me rappelle, vers 4 ou 5 ans, avoir poncé la cassette de Barbie et le Lac des cygnes [d’Owen Hurley, 2003, ndlr]. J’aimais la robe qu’elle portait, elle avait des reflets bleutés et roses. Je m’amusais à faire se baigner la poupée, le mouvement de ses cheveux dans l’eau était très satisfaisant à regarder. C’est l’une des premières fois où je me suis senti représenté.

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Barbie et le Lac des Cygnes d’Owen Hurley

J’ai décidé, à ce moment-là, que j’étais elle et que c’était comme ça que j’allais mener ma vie. Donc mes parents ont dû vivre avec une petite peste princesse persuadée qu’elle régnait sur un royaume. Mon premier gros crush, enfant, c’était Troy Bolton [Zac Efron, ndlr] dans High School Musical [trilogie de Kenny Ortega sortie entre 2006 et 2008, ndlr]. J’ai été très amoureux de ce personnage. Il y avait beaucoup de douceur en lui, je le trouvais hyper rassurant. Il jouait au basket, il n’était pas du tout censé traîner avec les gens comme moi.

J’étais en primaire, ceux qui jouaient au foot dans la cour de récré n’étaient vraiment pas très sympas avec moi. Le fait de voir évoluer Troy vers l’envie de faire de la comédie musicale, ça pansait des blessures que j’avais dans la vie, parce que je me disais qu’il était possible qu’une brute qui fait du sport puisse trouver de la beauté dans le fait de chanter et danser en synchro.

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High School Musical de Kenny Ortega © Disney Channel

À l’adolescence, j’ai découvert les compilations sur YouTube, des montages ne gardant que les scènes d’amour queer dans les séries. Dans Shameless [2011-2021, ndlr], il y avait l’ado roux amoureux d’un autre garçon. J’ai regardé ça pendant quatre heures trente sur l’ordinateur, j’ai fait une nuit blanche. À la même période, la série Glee [2009-2015, ndlr] est entrée dans ma vie. Kurt Hummel a été essentiel dans mon développement et dans mon acceptation de moi et de ma sexualité, parce qu’il vivait de manière unapologetic [qui ne s’excuse pas, ndlr].

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Rachel Berry et Kurt Hummel, Glee de Ryan Murphy, Brad Falchuk et Ian Brennan © Adam Rose/FOX

Dans le pilote, les harceleurs le chopent à l’entrée du lycée pour le jeter dans la benne à ordures. Kurt se pose devant eux, il fait : “Attendez !”, et il enlève sa veste vintage hyper cool. Il dit : “Au moins, me foutez pas avec ça dedans.” Il y avait tellement d’humour dans cette scène, qui est en réalité assez tragique. Et Kurt est resté fier. »

Les Reines du drame d’Alexis Langlois, le 24 novembre au mk2 Quai de Seine pour le festival Chéries-Chéris (du 15 au 26 novembre), sortie en salles le 27 novembre (1 h 55, Bac Films)