« Je me suis laissée aveugler » répète Rebeka Warrior comme une litanie synthétique, sur une musique épique et pénétrante qui laisse entendre que cet éblouissement est un élan. C’est ce qu’a porté Kompromat dans son premier opus, nous faisant accéder à un monde obscur, radical, incroyablement stylé, invitant aux métamorphoses.
Et c’est encore ce que promet ce film de Simon Rieth (dont on avait adoré le premier long métrage, Nos cérémonies) qui comme Bertrand Mandico ou Claire Burger, les cinéastes qui ont offert des clips (« Niemand », « De mon âme à ton âme ») au groupe avant lui, donne au duo tout son lyrisme recueilli et ses visions surréalistes.
On croise Vimala Pons et Sonia DeVille dans un univers qui évoque autant le western que les films de possession. Elles se livrent à ce qui s’apparente à une invocation. Est-ce Lucifer, l’ange de la lumière, qu’elles appellent ? Non, c’est bien Kompromat, qui n’apparaît que dans les éclairs des stroboscopes, l’éclat des miroirs ou la furie des flammes. Autant dire qu’on pourrait se laisser aveugler encore et encore.
Image : capture d’écran du clip d’I Let Myself Go Blind, avec Rebeka Warrior et Vimala Pons