« Culte » : alors, « up » ou « down » cette série sur Loft Story ?

[CRITIQUE] En s’intéressant à la fabrication de la première télé-réalité tricolore, cette série raconte comment Loft Story a métamorphosé la télévision mais aussi propulsé la société française dans le XXIe siècle. Une intelligente réflexion, doublée de dialogues ciselés et d’un rythme trépidant.


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Dire que le destin de la France a changé lorsque deux inconnus ont eu un rapport sexuel dans une piscine, le tout filmé et retransmis en direct à la télévision, peut paraître légèrement exagéré. Pourtant, qu’étaient les ébats de Loana et Jean-Édouard dans l’émission Loft Story, sinon les prémices de la mise en scène permanente de soi ? Que représentaient les « lofteurs », sinon les prototypes des célébrités inexpliquées qui peuplent aujourd’hui les écrans ?

Voici le postulat de Culte, série sur la naissance de la première télé-réalité française. Nous sommes en 2001, le concept vient des Pays-Bas et personne n’y croit, sauf une petite main d’une boîte de production au bord de la faillite (Alexia Laroche-Joubert dans la vraie vie, renommée ici Isabelle et interprétée avec brio par Anaïde Rozam). Car après tout, qui pourrait rester devant sa télévision pour regarder du vide ? Absolument tout le monde, prouvera la suite de l’histoire, racontée à un rythme trépidant.

Culte a en partie des allures de thriller dès qu’elle s’intéresse à la guerre sans merci que se sont menées les chaînes M6 et TF1 à l’époque, autour de cette « télé-poubelle » devenue poule aux œufs d’or.

À coups de dialogues teintés d’un humour aussi grinçant que délicieux, elle déballe les dessous pas très propres du petit monde de la télé, entre dénonciations anonymes auprès du CSA et appels masqués à l’inspection du travail.

Mais c’est en lorgnant vers le drame que la fiction prend de l’ampleur. En creux, Culte dessine une France qui se déchire, des élites qui refusent tout ce qui peut paraître « populaire », tout en se repaissant avec condescendance de l’image des classes défavorisées diffusée 24 heures sur 24.

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Surtout, via le personnage de Loana (excellente Marie Colomb, crédible sans être dans l’imitation), la série montre le mal que la télé-réalité a pu faire aux femmes, en étant la caisse de résonance assourdissante des injonctions contradictoires de la société entière.

: Culte, saison 1, à partir du 18 octobre sur Prime Vidéo