Une cagole telle qu’elle est : outrageusement sexy, avec ses faux cils et ses faux ongles, héroïne d’un film d’art et essai français. À la fin du Festival, sa cousine de cinéma américaine, Anora, remportait la Palme d’or. Cannes célébrait ainsi deux destins de cendrillons modernes érodées par un capitalisme qui a vampirisé leurs rêves et les a rangés dans des boîtes Temu.
« Diamant brut » d’Agathe Riedinger : héroïne moderne
Depuis le Loft dans les années 2000, l’univers cheap et choc des émissions de télé-réalité a envahi nos imaginaires, amplifié par les réseaux sociaux. Instagram et TikTok regorgent de ces créatures ultrasexualisées, maquillées comme des voitures volées, qui rêvent de « devenir quelqu’un », avec en ligne de mire la méta bimbo Kim Kardashian et son empire.
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Le cinéma français a longtemps pris ses distances avec cet univers vulgaire et toc. Jusqu’à Une fille facile de Rebecca Zlotowski en 2019, et maintenant Diamant brut d’Agathe Riedinger.
Dans une séquence du film, en format 4/3, Liane (géniale Malou Khebizi) marche au centre du cadre d’un pas décidé à travers une friche bétonnée, masque de contouring guerrier sur le visage, enserrée dans une robe courte et clinquante de créateur. Un sifflement fuse, puis surgit une bande de motards en surplomb. La scène comme le ciel deviennent menaçants, orageux. Liane rompt le vertige en leur balançant une vanne et, tandis qu’ils la rejoignent et se multiplient autour d’elle, c’est elle qui continue à battre la mesure de la scène avec ses talons.
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L’héroïne de Diamant brut se taille seule, à coups de bistouri et de fer à lisser. Sa vie est rythmée par les likes dans une confusion totale entre combien et comment être aimée. Lassée de ne pas voir de prince charmant venir ramasser sa pantoufle de vair compensée et la sortir de la misère, elle prend sa vie en main et veut croire à un miracle qui prend ici la forme d’un coup de fil d’une directrice de casting pour une télé-réalité.
« Si je ne l’ai pas, je me tue. » Comme Liane, les cagoles sont usées. Après avoir été moquées, exploitées et même avoir été brandies comme des icônes féministes, les cagoles veulent juste qu’on leur fiche la paix, et marcher tranquilles.
Diamant brut d’Agathe Riedinger, Pyramide (1 h 43), sortie le 20 novembre
